L’heure des grandes décisions

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Les marchés actions ont commencé en mai leur correction globale, dans le sillage des bourses européennes, en baisse, quant à elles, depuis le 16 mars cette année. Le CAC40 a perdu un peu plus de 8% en mai (18% depuis le 16 mars), presque sans aucun rebond technique. Aux USA, le Dow Jones a perdu 8.74% sur le mois écoulé.

A Hong Kong, le Hang Seng s’est trouvé diminué d’un peu plus de 10% sur la même période. Les devises ont également connu d’importants mouvements : en particulier, l’euro a été entraîné dans une baisse de 6,19% par rapport au dollar US sur le seul mois de mai.

Nous attendions de tels mouvements : une grande prudence caractérise nos portefeuilles depuis le début de l’année. Et la faiblesse de notre exposition aux actions, la quasi-absence d’exposition à la zone euro, et notre position renforcée en dollar américain nous a permis de dégager 2 à 3% de performance sur le mois selon les profils (mandats patrimoniaux), amenant nos performances de 6% à un peu plus que 7% depuis le début de l’année, toujours selon les profils. Aussi, depuis le début de l’année, nous surperformons les marchés actions européens d’un peu plus de 15%, et les marchés mondiaux de 9.51%.

Le retour brutal de la crise européenne, et l’affaiblissement de la croissance mondiale sont les deux raisons concomitantes de ce quasi-krach.

 


Europe : la tortue se fera-t-elle lièvre ?

La crise européenne arrive peut-être à son heure critique.

En Grèce, les dernières élections législatives du 6 mai ont donné une majorité relative à des partis qui refusent de mettre en œuvre les réformes structurelles exigées par l’Europe et le FMI. Face à l’impossibilité de constituer un gouvernement dans ces nouvelles conditions, de nouvelles élections sont prévues pour le 17 juin.

Il est de plus en plus difficile de se procurer des sondages sur les résultats possibles, mais les derniers en notre possession montrent que la population grecque créditerait d’un score plus important encore ces partis opposés à l’implacable feuille de route imposée par la BCE, la Commission Européenne et le FMI. Deux possibilités : soit un résultat clair (dans un sens ou dans l’autre), soit une majorité trop courte serait donnée à un parti, empêchant à nouveau la constitution d’un gouvernement.

La grande question, à très court terme, portera sur la réaction européenne : en cas de majorité donnée à un parti refusant les mesures exigées, l’Europe et le FMI auront-ils le courage de cesser leur assistance financière à la Grèce, sachant que celle-ci se trouverait en situation de défaut de paiement de ses propres fonctionnaires dès la fin du mois de juin ? La BCE peut-elle intervenir sur la dette d’un Etat prêt à sortir de la zone euro, alors même que le pacte budgétaire est remis en cause par la Grèce et la France notamment ? Quelles seraient les conséquences de la sortie d’un pays d’un pays de l’euro sur les autres pays fragiles ? Lourdes questions auxquelles nous pourront commencer à répondre en cette fin du mois de juin, et cet été.

Par ailleurs, les banques espagnoles sont en situation de « fusion » financière, alors même que les taux d’emprunts exigés des Etats espagnol, italien… ont battus leurs records historiques ce mois-ci. La banque Bankia, pourtant considérée comme un modèle du redressement espagnol, a surpris en demandant ce mois-ci à l’Etat espagnol un plan de sauvetage historique de 19 milliards d’euro. Les jours passant, ce plan passait à 23 milliards, et…trois autres banques espagnoles se retrouvaient dans la même situation, portant les besoins à court terme de recapitalisation des banques espagnoles à …50 à 90 milliards d’euros selon les estimations !!! Pour l’instant.

L’Etat espagnol emprunte à 10 ans à un taux intenable de 6.75%: il est naturellement dans l’impossibilité technique de réaliser ce sauvetage bancaire à lui seul. Mais le ministre des finances espagnol, lucide, tarde à demander de l’aide à l’Europe : il considère en effet lui- même que l’Espagne ne peut être sauvée par l’Europe, parce que trop importante. Que va-t-il se passer ? C’est la question que tout le monde se pose.

Les grecs vident leurs comptes dans leur banque – à tel point que la BCEa dû injecter des fonds dans ces banques, alors que le pays est sur le point de sortir de la zone euro; le bank run a également commencé en Espagne – et la BCE a refusé son aide à ces dernières banques, en arguant qu’elle ne pouvait financer que des banques « solvables »… On parle aujourd’hui de rendre les banques européennes garantes de l’ensemble des dépôts européens : un statut de banque européenne serait-il en train de naître ? Avec quel argent ?

Ce qui est certain, c’est que de grandes décisions devront être prises très rapidement par l’UE pour répondre à cette situation d’urgence majeure. Les consultations entre gouvernements (en particulier entre l’Allemagne et l’Italie) sont nombreuses ; l’Europe apparaît divisée comme jamais ; la BCE, le pompier ultime de ces quatre dernières années, est « bloquée » dans son intervention par la remise en cause du pacte budgétaire. Des rumeurs parlent de l’élaboration d’un plan secret par l’Allemagne ( ?); la BCE a refusé une première solution de sauvetage proposée par le gouvernement espagnol, puis elle a nié publiquement avoir reçu une telle demande, etc…, etc…( ?) La tortue européenne saura-t-elle se transformer en lièvre pour une fois ?

Assistera-t-on à une intervention majeure de la BCE, éventuellement en concertation avec d’autres grandes banques centrales ? C’est un scénario possible au vu de la baisse des prix du pétrole et de celle, commençante, des marchés actions américains. Mais ce sera extrêmement difficile à mettre en œuvre en raison de la désunion des grand pays européens, et des conséquences politiques d’une telle décision sur les relations sino-américaines.

Les grecs vident leurs comptes dans leurs banques –?à tel point que la BCE a dû injecter des fonds dans ces Mais l’ensemble de ces questions sont mises en banques, alors que le pays est sur le point de sortir de la zone euro ; le bank run a également commencé fortement en Espagne – et la BCE a refusé son aide à

suspens, en attendant les résultats des secondes élections législatives en Grèce le 17 juin prochain.

Nous conservons notre positionnement extrêmement prudent dans l’attente de réponse à ces questions.

 


Ailleurs dans le monde : USA, émergents

Le mois de mai a vu ailleurs la confirmation du ralentissement économique américain. Ce n’est guère une surprise pour nous : nous avions observés que la belle croissance observée outre-atlantique depuis le début de l’année était due plus à la baisse du taux d’épargne des ménages, qu’à la hausse de leurs revenus – une telle croissance, par définition, ne peut être durable. En outre, le sensible ralentissement économique européen pèse sur les exportations américaines.

Un même résultat, mais pour des raisons diamétralement opposées, est constaté en Chine : la croissance ralentit tranquillement. Attendue à 8% pour 2012, elle pourrait être revue à 7%… Nous aimerions beaucoup avoir les mêmes problèmes en Europe… !!! Contrairement à de nombreux commentaires, nous considérons que ce ralentissement est plutôt bien maitrisé par l’actuel gouvernement: il a l’avantage d’éloigner plus encore le risque d’inflation dans ces pays. La consommation intérieure s’y développe fermement dans de nombreux pays.

Néanmoins, ces belles conditions macro-économiques pour la consommation intérieure des pays émergents ne se traduisent pas encore dans les valorisations des marchés : les inquiétudes européennes et …dorénavant, américaines, pèsent sur les flux – les banques et institutionnels occidentaux rapatrient leurs fonds des émergents pour le moment.

Aussi, nous conservons une forte exposition au dollar US et aux obligations émergentes, contre une très faible exposition aux actions de ces mêmes pays, en attendant d’y voir plus clair en Europe et aux USA. Ceci nous permettra de continuer à bénéficier de la valse des monnaies dans ces périodes incertaines.

 


Mandats patrimoniaux

Nous avons maintenus nos positions depuis le début de l’année, et donc notre exposition a minima à la zone euro. Nous conservons une forte exposition au dollar américain, qui est encore le rempart contre le risque systémique (l’or ne tient plus ce rôle depuis que la banque centrale américaine ne créée plus de monnaie); et une exposition importantes aux titres et aux devises des nouveaux pays solides (Suède, Australie, certains Emergents). Nos portefeuilles ont une très nette sous- pondération en action, qui peut être ramenée à 0% par nos gérants en quelques heures, et une surpondération en obligation de court terme dans ces pays solides (quasi-monétaire), et sur le dollar US. Nous conservons cette prudence, dans l’attente que la grande incertitude actuelle face place à notre avenir.

 

Mandat spécial

De même, nous n’avons pas encore investi notre mandat spécial n°1. Nos indicateurs sont redevenus nettement négatifs, et nous nous attachons autant à la recherche de performance qu’à la préservation du capital de nos clients. L’explication de notre prudence se trouve ci-dessus.

Le 4 juin 2012

Nous nous attendons probablement à ce que la situation sécurisée du Mandat Spécial n°1 dure quelques temps encore : aussi, nous allons proposer à nos clients de nous autoriser à modifier légèrement notre mode de gestion. En effet, si l’été sera celui de l’Europe, la fin de l’année amènera des élections américaines, qui aura un considérable problème budgétaire à régler, un nouveau gouvernement chinois (dont la nomination semble plus difficile que prévu). Enfin, l’année prochaine, Angela Merkel remettra son mandat en jeu.

Aussi, afin d’éviter de nous contenter trop longtemps de rendements monétaires, nous proposerons à nos clients ces prochaines semaines de modifier les termes de ce mandat, afin de nous permettre de dégager de la plus-value lorsque notre mandat spécial est, en raison des conditions macro-économiques, sécurisé.

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